En ce mois de juillet 2025, la compagnie de danse Sursaut annonce son adhésion à la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI), qui s’inscrit dans le cadre du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), initié par plus de 170 organisations palestiniennes en 2005. 

Face à la violence extrême et à l’inhumanité des crimes perpétrés en Palestine, nous ressentons une profonde sidération mêlée d’un sentiment d’impuissance. Refuser toute collaboration culturelle avec un état engagé dans des crimes de masse est un geste clair, cohérent avec nos valeurs, et immédiatement réalisable. Nous sommes toutefois conscient·e·s de la portée symbolique et des limites de ce type d’action : le boycott culturel ne met pas fin aux violences mais est un refus de participer à des stratégies de légitimation politique par l’art (art washing). Il s’agit de ne pas cautionner, même indirectement, une propagande qui utilise la culture pour redorer l’image d’un état en normalisant ses crimes.

Nous ne prétendons pas à une cohérence absolue : les directives du PACBI sont complexes à appliquer dans leur intégralité, notamment parce que Sursaut reçoit un financement public du gouvernement canadien, un état complice qui ne reconnaît pas l’existence de la Palestine.

Notre décision de boycott ne repose pas uniquement sur les liens financiers qu’un organisme peut entretenir avec un État oppresseur. Nous choisissons de boycotter les institutions culturelles israéliennes qui refusent de se positionner clairement contre les politiques coloniales et les crimes de leur gouvernement. Le silence, dans ce contexte, équivaut à une forme de complicité.

Nous reconnaissons que la culture peut parfois contribuer à légitimer la violence d’un État, mais qu’elle peut également devenir un espace de refus, de réparation et d’émancipation.

Depuis plus de 40 ans, Sursaut se consacre à la danse jeune public avec le désir profond de transmettre des valeurs d’ouverture, de solidarité, d’amour et d’espoir aux jeunes du monde entier. Fidèles à ces principes, nous reconnaissons notre responsabilité en tant qu’organisme artistique et notre devoir de prendre acte des réalités qui nous entourent.  Avec lucidité et détermination, nous choisissons de ne pas être complices des héritages d’injustice en nous efforçant de ne pas les reconduire et de contribuer à un travail de réparation, tant historique qu’actuel.

Depuis longtemps sensible à la cause palestinienne, Sursaut a mis en lumière cette culture durant le festival Fudge en 2022 en organisant un atelier de danse traditionnelle Dabké et en programmant le spectacle Salam du chorégraphe Hervé Maigret, créé en partie à Gaza. Cette œuvre qui interroge la notion de frontière, met en scène des interprètes palestiniens.

En rendant publique notre adhésion à la campagne PACBI, nous souhaitons poser un geste artistique et politique porteur de sens. Nous avons bien conscience que l’art ne peut à lui seul transformer les réalités géopolitiques, mais nous croyons à sa capacité d’éveiller les consciences et de faire écho aux luttes pour la liberté. C’est avec humilité, mais aussi avec une ferme conviction, que nous poursuivrons notre chemin, en dialogue avec celles et ceux qui, partout dans le monde, refusent que l’art soit utilisé pour faire taire l’injustice.